L’affiche officielle de Fabien Roussel à l’élection présidentielle porte un curieux slogan. « la France des Jours heureux », ça renvoie à quoi exactement ?

Fabien Roussel nous fait remonter le Temps

En 1943, en pleine guerre, le Conseil National de la Résistance entreprit d’établir un programme de gouvernement pour un ordre social plus juste. 

Le 15 mars 1944, il fut publié sous le titre « Les Jours Heureux » : instruction pour tous, sécurité sociale, salaire minimum, statut des paysans, retraite… 

Ce beau programme fut réalisé sur les trente années suivantes.

Et puis, dans les années 80, nos gouvernements évoluent vers le libéralisme économique et le désengagement de l’État. 

Après la chute du Mur de Berlin et la fin de l’URSS s’ouvre en Europe, et en France, une longue période de « réformes » qui consistent à supprimer ou rogner les acquis sociaux.  

Et voilà que, en 2022, le Parti Communiste propose de revenir 40 ans en arrière, à l’époque où « Les Jours Heureux » déterminaient encore la politique socio-économique du pays.

C’est évidemment impossible, l’Histoire ne revient jamais en arrière.

Reste que l’idée est douce, couleur sépia, agréablement rétro. Peut-être incitative. Voter Roussel ce serait comme « faire un break dans ce monde de brutes ». 

Les sondages disent que c’est raté. Fabien Roussel réunira sur son nom à peu près 1 million d’électeurs. Ridicule. Il en faudrait 7 fois plus pour espérer se qualifier pour le second tour !

La question se pose de la portée réelle de ce slogan de campagne.

Un slogan qui génère la confusion

Le slogan choisi par Fabien brouille son identité politique, car il renvoie à un camp politique qui n’est pas celui du parti communiste. Explication. 

On distingue 4 familles politiques, auxquelles on adhère selon ses convictions :

Si on pense que la société fonctionne bien, ou pas si mal que ça, on veut continuer dans la même ligne, on est conservateur.

Si au contraire on pense que ça va mal, que c’était mieux avant, on aimerait réinstaller les règles anciennes, on est réactionnaire.

Mais on peut aussi penser que si ça va mal, il faut changer les choses. On voudrait innover pour que ça aille mieux. On se dit alors progressiste. 

Celui qui veut plus de liberté individuelle se dira progressiste de droite.

Celui qui veut plus de justice sociale se dira progressiste de gauche.

Peu ou prou, nous appartenons tous à une de ces 4 familles politiques.

Ainsi, les communistes d’aujourd’hui se qualifient de progressistes de gauche. Je ne jurerais pas qu’ils le sont, mais ils y croient, de bonne foi, et dur comme fer.

Alors question : pourquoi diable choisir un slogan réactionnaire, le slogan d’une toute autre famille politique que la sienne ? 

Paradoxe et bouillie pour le chat.

La communication du candidat communiste, c’est donc une confusion telle… que 47 des 48 millions d’électeurs le rejettent. Mais lui sourit et bat les estrades avec entrain.

Si Roussel en campagne semble… heureux, n’est-ce pas du plaisir morbide de l’échec ?