Anne Hidalgo propose une affiche électorale d’une facture absolument classique pour un candidat socialiste. Changer, sans nous faire peur. Ça peut marcher ?
Qui connait Hidalgo ?
Les parisiens.
Qui vote pour elle ?
Les « intégrés », bobos et écolos parisiens.
Ça fait quelques centaines de milliers de personnes.
Ajoutons-y quelques cohortes de vieux militants socialistes.
Au total, 2 % de l’électorat.
Pourquoi et comment pourrait-elle faire mieux ?
Elle pourrait faire mieux en devenant la candidate du PS. La candidate des bataillons qui votent socialistes. Les fonctionnaires. Les jeunes. L’éducation nationale. Les baby-boomers parvenus au 3ème âge. Les femmes. Ça fait du monde ! Et sur ce socle, elle pourrait rassembler plus large. Tous ceux qui ne veulent pas de LePen et Zemmour.
Mais voilà… devenir la candidate socialiste, elle n’y parvient pas. Regardez son affiche :
« Ensemble, changeons d’avenir ».
Le slogan paraît bien frappé. Il s’adresse à ceux qui sont malheureux ( ils veulent changer leu avenir ), et pas à ses électeurs habituels, parisiens insérés dans la mondialisation et heureux de leur sort.
Regardons maintenant le sous-titre :
« Pour une gauche sociale, écologiste et républicaine ».
Tout s’effondre.
Changer d’avenir, ce serait changer… la gauche ? Et en plus, devenir écolo ? Et pour finir militer pour « la République », comme si la République n’était pas un bien commun ? Et pourquoi pas, tant qu’on y est, militer pour un air pur ?
Changer d’avenir n’a pas grand rapport avec ces mots un peu creux dans leur grandiloquence.
Changer d’avenir, quand on est PS, ce serait, par exemple, garantir un revenu de subsistance à tous les citoyens quel que soit leur âge ou leur condition, non ? Ca s’appelle revenu universel et c’est proposé par le PS en 2017.
Mais en 2022, le revenu universel disparaît.
Comment une socialiste ose-t-elle se réclamer de PS et ne pas en porter le programme ?
Comment peut-on concevoir un parti réformiste qui recule sur ses réformes ?
Le revenu universel, c’est un exemple. Le programme de Hidalgo, c’est des dizaines de propositions plus ou moins précises, dont très peu sont… de gauche :
Créer un prêt à taux zéro pour les véhicules électriques, créer un compte épargne-temps universel, renforcer l’action de l’Autorité de la concurrence, ce seraient des réformes de gauche ?
Et quand elle s’aventure à parler « à gauche », c’est encore pire : avec sa « proposition » de doubler le salaire des profs, on a acquis la certitude qu’elle se moque vraiment du monde.
Cela étant :
Madame Hidalgo a fait réaliser une affiche impeccable. Tout y est. Les mots du parti socialiste, qui veut surtout ne rien changer, sur l’image d’une jeune femme souriante, empathique comme dans une pub pour les mutuelles de fonctionnaires.
Le problème est juste que sous cette coque… résonne le vide.
Or les humains ont cette compétence intuitive : ils perçoivent très bien quand on essaie de les mener en bateau. La question psychologique en politique, c’est de savoir pourquoi nous pouvons accepter de nous laisser entraîner parfois par un menteur…
Dans le cas de Madame Hidalgo, visiblement, les humains ont décidé de ne pas suivre.