« Opposés sur tout » ? Emmanuel et Marine le crient si fort que le psy en conçoit aussitôt l’envie d’y regarder de plus près.

Les programmes de nos finalistes sont-ils vraiment opposés ?

Opposés sur tout, sur le projet de société, sur le programme… On nous le répète, encore et encore… comme si cela n’avait rien d’évident, comme s’il fallait nous en convaincre.

Il est vrai que, intuitivement, nous tendons à croire que c’est vrai, que les deux finalistes représentent un vrai choix de société. Mais cette idée, sur quoi repose-t-elle ?

En réalité, nous le voyons depuis au moins 15 ans, les politiques ne changent pas en fonction de l’origine partisane des dirigeants ( Sarkozy, Hollande, Macron ) élus. Pourquoi en irait-il différemment en 2022 ? 

Pour en avoir le cœur net, comparons les programmes des deux soi-disant ennemis irréductibles :

La sécurité militaire du pays

Le premier critère de positionnement de tout chef d’État est la sécurité de son pays.

Si nous ne pouvons nous défendre… aucune politique n’est à penser. Que nous soyions en Vème république, ou en VIème, en monarchie ou en dictature, peu importe, si nous perdons notre autonomie du fait d’une puissance étrangère.

C’est pourquoi le rôle premier de notre président, c’est d’assurer l’indépendance nationale. 

Comment comptent-ils s’y prendre, nos deux finalistes ? Et surtout, comptent-ils s’y prendre différemment l’un de l’autre ?

Nos deux finalistes et l’OTAN

Le Président de la République est le chef des armées. Pour nous défendre, il dispose d’un outil incomparable, forgé à la fin de la deuxième guerre mondiale : l’OTAN – Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. 

Il s’agit d’une alliance militaire. Elle établit une défense collective entre les membres, selon un principe simple : si l’un des membres est attaqué, tous vont se porter à son secours.

A l’origine, l’OTAN regroupe les Etats-Unis, le Canada et les 10 pays de l’Europe de l’Ouest. La puissance militaire associée de ces 12 pays occidentaux est sans comparaison dans le Monde. Et donc, l’OTAN offre une sécurité formidable à chacun de ses membres. 

Depuis les années 1990 ( fin du bloc de l’Est ), l’OTAN intègre des pays d’Europe centrale. Aujourd’hui le traité regroupe 30 pays.

La France est un membre fondateur, et indéfectible, de l’OTAN. Depuis 73 ans, aucun homme politique responsable, aucun parti de gouvernement n’a jamais imaginé renoncer à cette alliance qui nous permet de vivre en sécurité dans nos frontières.

En 2022, tous les candidats qui ont une chance de remporter la présidentielle continuent à inscrire le pays dans cette alliance protectrice. 

Y compris Macron. Y compris Le Pen.

Nos deux finalistes et la bombe atomique 

Notre chef des armées dispose pour nous défendre d’un autre outil que l’Alliance atlantique : la dissuasion nucléaire, dont le principe est presque aussi simple : tant que la France est en capacité de projeter des armes atomiques sur un territoire ennemi, l’ennemi est dissuadé de nous attaquer.

En 2022, tous les candidats qui ont une chance de remporter la présidentielle continuent à inscrire notre défense dans cette stratégie. 

Y compris Macron. Y compris Le Pen.

Alors quelle différence entre les deux candidats ?

On a tout de même pu trouver une différence entre les deux candidats. La voici : 

L’OTAN a installé un commandement intégré, plaçant les armées alliées sous une autorité commune. De quoi indisposer le général de Gaulle, à la simple idée de supporter des troupes américaines en opération sur le sol français…

En 1965, il demande une renégociation du processus de décision au sein de l’OTAN. 

Sa négociation échoue.

Aussi, en 1966, il retire la France de plusieurs des Comités de l’OTAN, ceux qui organisent le commandement intégré des opérations militaires. Un retrait symbolique, car la France reste un membre actif de l’OTAN : elle siège – jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs – , au Conseil de l’Atlantique Nord, sa plus haute instance de décision.

En 1995, Jacques Chirac réintègre la France dans un des Comités boudés par de Gaulle : le Comité militaire.

En 2009, Nicolas Sarkozy réintègre la France au commandement unifié de l’OTAN. Décision là encore toute symbolique, car de toute façon, même hors du commandement unifié, des accords militaires France-USA existent et coordonnent leurs actions communes.

Aujourd’hui, il ne reste qu’un seul Comité où nous ne siégeons pas : le Comité des Plans Nucléaires. Parce que la stratégie de dissuasion nucléaire suppose l’autonomie de décision des Français sur leur bombe.

Qu’en disent les principaux candidats de 2022 ?

> Ils sont tous pour se maintenir dans les instances politiques de décision de l’OTAN. Y compris Macron et Le Pen.

> Ils sont tous pour rester hors de son Comité nucléaire, y compris Macron et Le Pen.

> Enfin, à propos des Comités militaires, ils sont partagés. Les uns, comme Macron, veulent rester sous le commandement unifié. Les autres, comme Le Pen, veulent en sortir à nouveau, préférant se coordonner avec l’armée américaine par accords séparés.

Il existe donc bien une différence entre les intentions de Macron et de Le Pen… mais elle se situe quelque part entre le « sans importance » et le « 100 % symbolique ». 

En tout cas, certainement pas de quoi définir une réelle différence en matière de défense. Et encore moins en termes de choix de société !

Il va nous falloir regarder ailleurs pour trouver trace de leur farouche « opposition ».