« Opposés sur tout » ? Y compris sur la Constitution ? On nous le répète tellement qu’on a décidé d’aller y regarder de plus près.

Se défendre. Gouverner. L’OTAN répond au premier impératif, l’Union Européenne au second. Sur ces deux questions essentielles, nos dernières chroniques montrent que les programmes des candidats s’avèrent identiques.

 Essayons, une dernière fois, de les différencier, sur une troisième question essentielle : la Constitution.

Pourquoi la Constitution ? 

Parce qu’elle est la règle du jeu entre nous, Français. Elle est le cadre dans lequel va se développer la vie en commun. Elle est le règlement de copropriété du pays que nous habitons. 

Sur la question, que dit Macron ?

La Constitution doit être respectée. Il se réserve la possibilité de la modifier en employant les procédures légales.

NB La Constitution de la Vème République peut être révisée par voie parlementaire ou par référendum. Elle a été révisée 24 fois depuis 1958.

Le Président Macron a tenté par deux fois, pendant son quinquennat, de faire réviser la Constitution. Une fois, pour inscrire la préservation de l’environnement dans la Constitution. Sans succès. Une autre fois pour une réforme institutionnelle, comprenant une réduction du nombre de parlementaires et une dose de proportionnelle. Sans succès.

Et Marine Le Pen, que dit-elle ?

Elle s’inscrit dans la Vème République et sa Constitution. Elle projette également de la faire réviser, en respectant les formes légales.

La candidate Le Pen envisage de soumettre plusieurs questions à référendum pour révision constitutionnelle. Notamment sa proposition d’accentuer la préférence nationale.

Et les autres candidats ?

Les principaux candidats, issus de partis de gouvernement, sont tous favorables à la Vème République et sa Constitution, à l’exception de Jean-Luc Mélenchon, qui veut la remettre en cause pour changer de République.

Conclusion

Contre la Constitution ? Mélenchon. Pour ? Macron, Le Pen et les autres candidats sérieux. Ils veulent clairement la défendre, éventuellement l’amender par révision constitutionnelle. 

Que le contenu des révisions imaginées soit différent est bien normal, dans la mesure où les candidats représentent des courants de pensée et des tendances politiques divergents. Pas de quoi définir une différence de fond sur la règle du jeu. A fortiori sur le choix de société !

Voilà donc que, s’agissant de la Constitution, comme de la question européenne et de la défense nationale, nos deux finalistes sont d’accord.

L’opposition tellement montée en épingle entre leurs programmes apparait donc, soit comme une grossière erreur, comme une forme de propagande.

Il nous paraît symptomatique d’évoquer ici François Hollande, qui cite la Constitution, l’Europe et l’Otan comme les trois sujets qui montreraient la différence fondamentale entre les deux candidats, puisque, selon lui… Le Pen les remettrait en cause !!! 

L’ancien Président, qui veut barrer la route à Le Pen, prouve là-encore sa lucidité d’intellectuel ( sur ce qui est essentiel ), et sa ruse de politicien ( en inventant des différences pour la diaboliser ).

A l’issue d’un examen objectif des programmes, on peut admettre, on devrait admettre que les projets des deux finalistes sont identiques sur l’essentiel. Leur différence réelle réside seulement dans leur personnalité. 

Que faire ?!

Il va s’agir, pour le second tour, non pas de voter pour un projet, mais d’élire notre prochain pilote, pour continuer notre route ces 5 prochaines années, vers la société européenne capitaliste et libérale qui se construit sous nos yeux depuis l’élection de Sarkozy en 2007.

Lequel choisir des deux tourtereaux ?

Si vous n’avez pas encore opté, ne manquez pas le grand débat de second tour…