Jeudi soir, la grande confrontation rituelle entre les deux finalistes de l’élection présidentielle a réussi la pire audience de son histoire. Pourquoi ?
Parce qu’on nous enfume : on nous appelle à voter pour des projets censés s’opposer, ou au moins, différer l’un de l’autre, alors que, en réalité, ils sont identiques.
Si un bonnet blanc défie un blanc bonnet, quel match à la télé ?
En 2022, les principaux candidats sont d’accord sur l’essentiel : comment nous défendre de nos ennemis ( l’OTAN ), qui fait la loi ( l’UE ), quelles sont les règles du jeu ( la Constitution ).
Nous avons détaillé les programmes respectifs de Macron et Le Pen dans nos trois précédentes chroniques. On a vu que sur l’essentiel, ils sont d’accord.
Et sur l’accessoire ? Ceux qui ont suivi le débat de second tour l’ont bien vu :
> Minimum vieillesse : actuellement à 980 €, Le Pen propose 1000, Macron 1100.
> Étrangers en situation irrégulière : expulsion immédiate pour les deux candidats.
> Étrangers avec titre de séjour : pour Macron, tout va bien, pour Le Pen, préférence nationale sur certaines allocations.
Et ainsi de suite…
Mais alors, si sur l’essentiel rien ne les sépare, et que sur l’accessoire ils sont si proches… pourquoi se crêper le chignon à longueur de temps ? Pourquoi ne pas gouverner ensemble ?
Parce que le pouvoir royal ne se partage pas.
Alors ils nous infligent un mauvais spectacle.
On a vu le Macron faire le show dans les premières minutes.
Et l’autre, la Le Pen, s’écraser lamentablement. Subir. Se justifier. Elle, la battante… s’écraser.
On a vite fait de comprendre : Marine Le Pen ne faisait pas le match. Elle s’appliquait à s’acheter une respectabilité. Comme Lionel Jospin en 1995, qui choisit de ne pas affronter Chirac, parce qu’il pensait les carottes cuites, avec ou sans le débat.
Macron, après avoir provoqué sans succès sa partenaire, a levé le pied, sachant que trop d’agressivité, ou de condescendance, serait malvenu.
Et le pompon, les incroyables 10 dernières minutes où les deux candidats, avec les deux présentateurs, terminent en roue libre, à faire la causette…
Les téléspectateurs, eux, avaient déjà déserté. L’audimat l’atteste. Car ces débats de second tour réunissent ( depuis 1974 ) entre 16 et 30 millions téléspectateurs ; celui de 2022 a totalisé, toutes chaînes TV et internet confondus… 15 millions !
Bon Dieu, quel mauvais sketch… Complices dans leur désir d’être là, en direct, sans filet, filmés par 16 caméras, l’homme et la femme les plus en vue de toute la France se sont fait plaisir. Ils Exhibitionnisme, narcissisme, égocentrisme, complexe de supériorité, mythomanie, désinhibition… Ces deux-là ne servent pas les Français, ils se servent du public.
Reste que… va bien falloir se décider, si jamais vous êtes du genre à ne pas aimer l’abstention.
Bon courage pour choisir ! car le critère utile sera la personnalité, le style, l’impression que produit sur vous chacun des deux candidats.
Faites vos jeux :
Le bluffeur à la petite semaine déguisé en banquier…
ou bien
la femme de gauche bobo tapie dans un corps de matrone xénophobe ?
Bon dimanche, je m’en vais plutôt pêcher quelques carpes dans l’étang du voisin.