Louis Bertignac, ex-membre du groupe mythique Téléphone, livre aux fans les jolies petites histoires qui jalonnent son extraordinaire trajectoire de rock star.
Il écrit bien, Louis. Sans prétention, sans fausse modestie non plus. Il se raconte comme il joue sur scène, avec entrain et sans détours. Il est futé, Louis, déterminé et diplomate, rêveur et bosseur, sensible et lucide, et surtout… et il est un sacré guitariste.
Les fans vont se délecter de chaque page de son autobiographie, se régaler de tous ces petits détails autour de l’ascension du groupe, des rencontres, des chansons, des enregistrements d’albums, des concerts, des histoires d’amour.
Et il quand nous confie ses quelques mémorables faits d’arme, comme cette lettre rédigée en anglais, où il postule au poste de guitariste des Rolling Stones en remplacement de Mick Taylor… on admire le culot, on adore.
On ne peut cependant retenir un reproche. Pas une critique froide, destinée à un étranger, juste un reproche affectueux, destiné à un proche :
L’homme Louis ne se livre pas vraiment. Sa pudeur confine parfois au mutisme.
Ainsi on aurait aimé que, sur Corine, il nous en confie plus que des mots de respect poli.
Qu’il nous en raconte plus sur l’histoire familiale, sur ce père aimant dont on saura, certes, qu’il en respecte le souvenir, mais dont il ne cite même pas le nom de famille.
Sur ce qu’il ressent et pense du lien spécifique entre lui et Richard, du fait de leurs histoires familiales parallèles.
On n’apprendra rien de ce qui se joue au plus profond de son cœur.
Louis offre finalement à ses fans une image lisse, où chacun peut projeter sa propre vision de ce qu’est un mec bien, cool à l’infini.
Ce que veut Louis, c’est être vu comme le grand frère d’une génération.
Il y parvient.
Jolie petite histoire
Louis Bertignac
360 pages, Le Cherche Midi, 2022