Pourquoi est-elle à peine surprise de trouver, sur le pas de la porte de la maison, une drôle de livraison ? A voir avec le psy, se promet-elle.
Et la fringante quinquagénaire d’attaquer la séance par ces mots :
« Je ne sais plus quoi faire avec mon fils. Il a 23 ans, un studio, un travail, et il vient déposer chez moi son linge sale, sans crier gare.
– Possède-t-il un lave-linge ?
– Oui mais le robinet d’arrivée d’eau fuit.
– Ne pourrait-il pas le faire réparer ?
– Je sais bien, c’est évidemment un prétexte, il ne veut pas couper le cordon.
– Et vous ? Serait-il possible que vous hésitiez aussi, à votre manière, à le couper ? »
Quand un fils donne signe qu’il rechigne à la séparation, grandes sont les chances qu’il ne fasse là qu’exécuter la muette instruction de maman : reste avec moi, laisse-moi m’occuper de toi.
Voilà pourquoi il est possible que cette mère nourrisse un sentiment ambivalent. Réprouve-t-elle vraiment ce qui, dans le même temps, la ravit ?
Imaginons, maintenant, que ma consultante, au lieu de débuter ainsi son explication :
« Je ne sais plus quoi faire avec mon fils. Il a 23 ans, etc… »
prononce la phrase suivante :
« Je ne sais plus quoi faire avec mon gamin. Il a 23 ans, etc… »
Elle dit « gamin » ! Pas « fils »…
Voilà donc un jeune homme adulte, intégré socialement, autonome économiquement, majeur civilement… qualifié de gamin !
Dans un tel cas, le présupposé psychanalytique devient, à tout le moins, une forte intuition …
La morale de l’histoire ?
Une jeune quinquagénaire n’est pas un lave-linge !