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Deux plumes dans le sens du poil

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L’un « comprend » la haine qui entoure le président, l’autre la « déplore ». Deux cadors du journalisme politique débattent paisiblement. S’agit-il de nous endormir ?

Nicolas Domenach et Maurice Szafran, 140 ans à eux deux, sont des figures de la presse écrite parisienne. Co-fondateurs, avec Jean-François Kahn, de l’Évènement du jeudi et de Marianne, ils se voient couronnés de succès de librairie avec leurs livres-enquêtes sur nos présidents.

Sur Macron en fin de quinquennat, on pouvait attendre de ces papys flingueurs un bilan politique objectif, égayé des révélations dont ils disposent du fait de leurs introductions dans les palais de la République, et le tout… dans une langue libérée du bois qui leste celle de leurs confrères plus jeunes, et désireux de faire carrière. 

Pourtant, ce n’est pas vraiment un ouvrage critique qui nous est proposé. 

Un argent fou ?

Voici, par exemple, comment nos duettistes traitent la fameuse sortie du président à propos du coût des prestations sociales. Vous vous souvenez ?

« Regardez, on met un pognon de dingue dans les minima sociaux, les gens, ils sont quand même pauvres, on ne s’en sort pas. »

Pour revoir le sketch présidentiel filmé : < click here >

Cette tirade a été unanimement condamnée. Le président voulait s’exposer en dirigeant moderne et sans tabous. Patatras ! Il n’a fait que révéler son mépris de classe. Et au surplus, il se comporte comme si ce « pognon de dingue » était le sien.

Et eux, nos deux bretteurs, qu’en pensent-ils ?

Si l’on prétend à l’honnêteté intellectuelle, cette tirade ne peut pas être qualifiée d’antisociale, au contraire. Macron ne remet pas en cause l’argent dépensé, il constate un fonctionnement déficient, auquel, manches retroussées, il entend s’attaquer.

Mille milliards de mille sabords, ils justifient la provocation présidentielle ! Macron serait donc un Hercule qui va supprimer la pauvreté en corrigeant la redistribution fiscale et sociale… 

Consternation.

Une femme tranquille ?

La suite va reproduire le même « angle ». En fait, l’ouvrage est entièrement composé sous l’angle de la fascination… voire du dithyrambe, comme pour ce mini-portrait :

Son épouse a subi à l’âge de 8 ans la perte tragique d’une sœur aînée. Mais elle a surmonté ce choc par une tendresse, un goût de la vie que cette remarquable enseignante a su tout autour d’elle faire partager. Brigitte Macron a le don si rare du bonheur.

Avez-vous déjà rencontré un tel ruissellement de guimauve dans un essai politique ?

Une forte capacité à gouverner ?

Au bout – et à bout – de l’ouvrage, un catastrophique excipit nous attend :

Au moment où les Français vont à nouveau choisir, le monarque républicain devra leur montrer que son humanité est au moins aussi forte que sa capacité à gouverner la France.

Hagiographique conclusion. On concède le déficit d’humanité, mais l’essentiel est démontré : forte capacité à gouverner. 

Point final. Votez Macron !!!

Conclusion

Nos deux cadors auront finalement passé 250 pages à simuler une opposition alors qu’ils sont 

«fan»atiquement du même avis. En fait, ils jouent de leur image professionnelle pour donner l’impression d’un débat. Honte à vous, Messieurs Kiwi et Baranne !

Reste à comprendre le pourquoi. Et c’est simple, en l’occurrence :

Les minuscules distinctions, les attentions du Prince, sont des plaisirs que l’âge ne tarit guère.
Au contraire. Avec le temps revient le temps des hochets : une rosette, une médaille, une invitation, une flatterie, une main sur le bras, un tutoiement, un aparté au vu et au su de la Cour… de quoi garnir les étagères d’un Toys’r’us spécial 3ème âge !

Macron, pourquoi tant de haine ?
Nicolas Domenach & Maurice Szafran
Albin Michel, 2022

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