Vince Adam Name new

Blog traitres Vince Adam
Comment peut-on trahir sans honte ?

Date

A sept semaines du premier tour, les trahisons s’accumulent. Pécresse, Le Pen et Hidalgo en sont victimes, Zemmour et Macron en profitent.

Qui sont ces « traitres » ?

En haut à gauche : Éric Woerth, Président Les Républicains de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, qui se rallie à Macron.

En bas à gauche : Guillaume Peltier, numéro 2 du parti Les Républicains, qui préfère, lui, se rallier à Zemmour.

En haut à droite : Nicolas Bay, figure du Front national, porte-parole de Marine Le Pen, qui se voit suspendu de ses fonctions quelques heures avant son ralliement public à Zemmour.  

En bas à droite : François Rebsamen, censé dynamiser la campagne de Anne Hidalgo en tant que Président de la fédération nationale des élus socialistes et républicains, qui devrait bientôt annoncer publiquement son ralliement à Macron.

On ne s’étonne plus guère de ces petites désertions, tant elles semblent de règle dans la vie politique. 

Que disent-ils pour leur défense ? 

Plaideur chevronné, Maître Gilbert Collard, ex-soutien de Marine Le Pen, désormais Président d’honneur du parti politique d’Éric Zemmour, offre une réponse remarquable :

J’ai quand même le droit au nom de ma liberté, de soutenir qui je veux.

Vous ne rêvez pas. Il a « le droit »…

Et donc, puisqu’il a le droit, circulez, y a rien à voir.

Que vaut cette justification ?

Imagine-ton des joueurs d’une équipe de foot passer au service d’un club concurrent pendant un championnat d’Europe ? 

Imagine-ton Maître Collard abandonner, à l’audience, son Client présumé avoir étêté un ou deux mécréants, et rejoindre le banc des plaignants, où se serrent les familles de victimes ? 

Evidemment non.

Et pourtant…

Ces situations tirées du foot, ou de la justice, ne sont guère comparables à la vie politique.

Car changer d’équipe est interdit par la réglementation du football professionnel en dehors de périodes bien délimitées ( le mercato ).

De même, l’avocat ne peut changer de bord en raison de ses règles déontologiques sur le conflit d’intérêts.

Tandis qu’en politique, aucune règle n’empêche la trahison !

La vie politique ressemble plutôt à la vie des affaires, à l’amour, aux émissions de téléréalité…

En ces domaines, trahir n’est pas interdit par la loi.

Une explication, d’ordre psychique

Reste que, prohibée ou pas, nous réprouvons presque tous la trahison. 

Presque. Car chez certains, tels que Woerth, Bay, Peltier ou Rebsamen, pas d’états d’âme.

Pourquoi cette profonde différence comportementale ?

Une guerre sans répit fait rage dans l’inconscient.

Quelque part en nous, le surmoi émet des règles morales, telles que la loyauté.

« Trahison interdite ! », nous dit-il.

Mais des contre-ordres peuvent s’infiltrer. En général, ils viennent du ça, l’instance de nos pulsions les incontrôlées. Par exemple, l’esprit de vengeance peut venir affronter la loyauté… et gagner. Ou l’ambition. Ou le désir de blesser. Ou l’envie de publicité. Ou la mégalomanie. Tant de pulsions peuvent surgir du ça et se confronter victorieusement au surmoi !

Et puis des considérations venues elles-aussi du surmoi peuvent venir contredire l’injonction de loyauté. Par exemple, un code moral qui voudrait qu’à tout moment on aide celui qui sera le meilleur chef pour la France. Alors deux notions nobles, la loyauté, et l’intérêt général, se confrontent. Le « choix cornélien » n’est rien d’autre que la mise en scène de ce conflit moral.

Finalement, la loyauté n’est jamais une évidence. Elle existe tant que le surmoi tient bon.

Les traitres, des êtres un peu différents ?

On peut émettre l’hypothèse que chez les grands traitres – Chirac, Sarkozy, Macron – de notre vie politique récente, le surmoi est relativement atrophié par rapport au commun des mortels, et laisse souvent s’exprimer les sauvages pulsions.

L’explication freudienne rejoint ici la sagesse populaire, qui enseigne : « celui qui trahit une fois trahira toujours ».

Il nous reste maintenant à observer les trahisons à venir dans les prochaines semaines. Gageons que la campagne va encore faire perdre les pédales à nombre de petits canifs qui s’imaginent, en trahissant à grand fracas, planter de grands couteaux !

Plus
d'articles