Le 4 décembre s’est achevé le congrès des Républicains, pour désignation de leur candidat à l’élection présidentielle. Nette victoire de Valérie Pécresse.
On peut avoir une lecture politique de cette désignation :
Les partisans diront qu’un large consensus, regroupant 60 % des militants, a été trouvé au terme de débats télévisés exhaustifs et transparents, puis d’un premier tour loyal et de bonne tenue. Et en définitive, que l’élue représente exactement les valeurs d’ordre, de liberté et de patriotisme du parti néogaulliste.
Les opposants questionneront le manque de charisme d’une grise énarque gestionnaire. Ils relèveront que le scrutin a été ouvert aux adhérents à jour de cotisations, à savoir, à la rentrée de septembre, 70 000 militants. Mais que – surprise – , à la clôture des inscriptions mi-novembre, ils étaient 140 000. Que donc, le mouvement aurait subitement doublé ! Bref, que la majorité ( 70 000 voix ) recueillie par Madame Pécresse est éminemment suspecte.
La psychanalyse ne se préoccupe pas d’argumentaires ou de justifications. A fortiori, elle ne prend pas parti, tout simplement parce que ce n’est pas son propos. Face à des événements sociaux, notamment des événements politiques, elle tente de faire émerger ce qu’ils nous racontent des acteurs de la scène publique.
Ainsi, que dit d’elle-même, sans forcément en avoir conscience, Madame Pécresse ?
A priori, on entend un discours clair, et un programme… tout aussi clair.
La candidate se dépeint comme l’alternative politique la plus évidente, consistant à substituer la vraie droite ( elle ) à la fausse droite ( Macron ).
Elle répète depuis des mois : « Macron a cramé la caisse » .
Cette expression date en fait de 2018. Lancée par Laurent Wauquiez, ex-président des Républicains, en direction de Alain Juppé. Dans la bouche d’une politicienne qui manie la langue de bois, la formule, triviale mais explicite, fait mouche. Son succès est tel que Bruno le Maire, ministre de l’Économie de l’incendiaire Macron, a défendu son patron en ces termes : « La caisse n’est pas cramée, elle est intacte ».
En psychanalyse, une répétition ad nauseam revêt forcément un sens.
Une expression, quand elle est ressassée, nous met sur la voie d’un message inconscient.
Cramer, brûler la caisse. Mettre le feu. Détruire. Quoi ? Des voitures la nuit du Réveillon ?
C’est quoi, une caisse, à part une voiture ou une caisse enregistreuse ?
Quand Madame Pécresse parle de son programme économique, aussitôt surgit la solution de la petite énigme :
> Madame Pécresse veut augmenter fortement les salaires nets. Comment ? En réduisant les cotisations salariales pour la retraite. Autrement dit : en baissant les retraites.
La flamboyante Valérie assume-t-elle de faire cramer la Caisse Vieillesse ( CNAV ) ?
> Madame Pécresse veut diminuer fortement les allocations chômage à compter du 7ème mois.
Comment ? En réduisant les charges sociales sur les entreprises, dont la cotisation chômage.
L’intrépide Valérie assume-t-elle de faire cramer la Caisse chômage ( Pôle Emploi ) ?
> Madame Pécresse veut réaliser 15 milliards de recettes exceptionnelles pour désendetter le pays. Comment ? En privatisant des entreprises publiques.
La Vandale Valérie assume-t-elle de faire, comme en Grèce, cramer la Caisse de l’État ( entreprises concurrentielles appartenant aujourd’hui au patrimoine public ) ?
Cramer l’État social, c’est clairement le programme de cette dame.
En fait, ce dont elle accuse le président en place, c’est de le faire à sa place.
Et, si on en juge par ses répétitions… la perspective incendiaire la fascine au plus haut point !