Édouard Philippe, la personnalité politique préférée des Français, ne se présente pas à l’élection présidentielle… tout en agissant comme un candidat. Incohérent ?
Par le moyen de sondages mensuels, l’Observatoire politique Elabe entretient un classement de popularité des personnalités politiques.
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Avec 45 % d’ « image positive », Édouard Philippe pulvérise toute concurrence.
C’est 10 points derrière qu’apparaissent les deuxièmes, Roselyne Bachelot et Valérie Pécresse, elles-mêmes suivies à distance par plusieurs dizaines de personnalités d’envergure nationale.
C’est dire à quel point l’ex-premier ministre occupe une place de rêve, presque extraordinaire, dans l’optique d’un scrutin désignant le grand chef.
Et de fait, Édouard Philippe s’y prépare depuis longtemps.
Dans son tableau de marche, il y a eu la publication d’un livre – Impressions et lignes claires, où, un an avant la grande échéance de mai 2022, sous la plume de son collaborateur Gilles Boyer, il raconte son expérience en essayant d’en inférer un art de gouverner.
Et puis, six mois avant la grande échéance, la création de son propre parti politique, Horizons, dont on peine à détecter, même à la loupe, une divergence idéologique, ou même programmatique, avec les partis de Madame Pécresse ou de Monsieur Macron.
Aujourd’hui, Édouard Philippe est fin prêt.
Qu’attend-il pour se déclarer ?
Comme dans le désert des Tarares, il guette le nuage de fumée qui apparaitra… à l’horizon. Autrement dit, il attend qu’Emmanuel Macron dévisse.
Car en cette fin d’année préélectorale, le président en charge tient bon. Crédité de 8 millions d’intentions de vote – c’est-à-dire la première place au premier tour de la prochaine élection, il n’y a pas de place pour son ex-premier ministre.
Attendre, donc. Guetter le moindre signe. Mais voilà, passent les semaines, et le Président de rester en pole position dans tous les sondages.
Monsieur Philippe ronge son frein. Il court et annone, de plateau de télévision en studio de radio, une admirable profession de foi : loyauté, fidélité, dévouement à son camp…
Faut-il y croire ?
Il suffirait que Monsieur Macron passe sous la barre des 20 % d’intentions de vote pour que le loyal Philippe se métamorphose en « recours », en « rempart contre le populisme ».
Pour la psychanalyse, les sentiments de loyauté, de dévouement, de générosité, d’altruisme, ne sont pas seulement générés par la morale. Ils sont aussi, et peut-être surtout, une opportunité : on est désintéressé quand on y trouve avantage.
Dans la psyché, le désintéressement fonctionne comme une hormone de plaisir : il produit une satisfaction dite « narcissique », préférable à l’égoïsme qui produirait de la culpabilité.
Il en va de même dans le champ politique : la trahison survient à l’instant même où elle est plus rentable que la bonne camaraderie.
Macron, qui a assassiné Hollande, ne se fait à propos de l’indéfectible soutien de son cher Édouard Philippe… aucune illusion.
Et lui, Édouard Philippe, voyez son sourire sur la photo : à quoi pense-t-il ? Au film Shining, où Jack Nicholson attend son heure ?