5 ans après, ils se retrouvent enfin. Emmanuel et Marine se qualifient sans peine pour le second tour de l’élection présidentielle 2022.
2017 : Shrek et Fiona se rencontrent
Au premier tour des présidentielles, Emmanuel Macron recueillait 8,5 millions de voix.
Marine Le Pen, deuxième, enregistrait 7,5 millions de voix.
A eux deux, ils réunissaient 16 millions des 31 millions de suffrages exprimés. Majorité absolue. Indiscutable qualification pour le second tour.
Ce qu’on entendait alors sur la désaffection des citoyens, sur une supposée insuffisance de l’offre politique, s’avérait inexact. 3 électeurs sur 4 avaient participé. Et collectivement, ils désignaient clairement deux prétendants.
2022 : Shrek et Fiona se retrouvent
Pendant toute la campagne électorale de 1er tour, jusqu’au dernier jour dimanche 10 avril, la rengaine de la défiance des Français, de leur démotivation, s’est trouvée à nouveau démentie.
De même, leur supposée détestation pour un président « méprisant », « autiste », ainsi que la supposée disqualification de Marine, « raciste », « pas au niveau », se trouvent démenties.
Le président sortant recueille plus de 9,5 millions de voix au premier tour. Qualifié haut la main, avec en prime un million d’électeurs de plus qu’en 2017 !
Marine, avec plus de 8 millions de voix, se qualifie également. Avec en prime ½ million d’électeurs supplémentaires.
A eux deux, ils réunissent plus de 17,5 millions des 35 millions de suffrages exprimés. Encore une fois, majorité absolue. Et à nouveau, indiscutable qualification pour le second tour.
Qui les Français voient-ils à leur tête ?
La réalité, c’est que les Français s’imaginent volontiers représentés par l’un ou l’autre de ces deux personnalités. La réalité, c’est qu’ils aiment la politique, s’y intéressent quoi qu’on en dise, votent en connaissance de cause et veulent ces deux-là et pas les autres.
Les autres… Les 10 autres ont pu s’exprimer abondamment dans les médias et sur Internet. Leurs programmes ont été diffusés, plaidés, disséqués. Ceux qui l’ont voulu ont débattu. Face aux journalistes, face aux téléspectateurs, face à leurs concurrents, partout et en tous « formats ». Et ils ont été sèchement éliminés.
Ce que veulent les électeurs aujourd’hui, c’est que s’affrontent le banquier et la bobo blonde, deux personnages clivants et antagonistes.
Pour des millions de nos concitoyens, Monsieur Macron représente l’intelligence, l’instruction, la méritocratie, l’autorité, l’ordre.
En même temps, pour des millions d’autres de nos concitoyens, Madame Le Pen représente Marianne, l’empathie, l’identité française, la générosité, les humbles.
Pourquoi ces deux-là ? Pourquoi cette opposition-là ? Les critères habituels, politiques ( le danger de l’extrême droite, la régression sociale du macronisme, la disparition du clivage gauche-droite, etc… ) et sociologiques ( les bobos intégrés, les gilets jaunes, les jeunes, les vieux, etc… ), ne permettent pas de le comprendre.
En fait, l’analyse de la chose électorale est, aujourd’hui en France, trop centrée sur ce type d’approches. Tout simplement parce qu’elles correspondent à la formation et à l’expertise des politiciens, des sondeurs et des journalistes.
Bien d’autres disciplines pourraient être mobilisées, l’anthropologie, l’ethnologie, la géographie, la psychologie, la psychanalyse…
En regardant la campagne de second tour du point de vue de la psychologie, celle des personnages, celle des électeurs, celle de la relation entre les premiers et les seconds, nous allons un peu mieux comprendre les ressorts cachés de l’élection.