« Opposés sur tout » ? Y compris sur l’Europe ? On nous le répète tellement qu’on a bien envie d’aller y regarder de plus près.
Imaginons un Empire européen qui prélève un impôt auprès des États vassaux. Un tel empire, ancien, a existé : l’empire romain.
Imaginons maintenant un Empire européen qui promeut ses valeurs et son mode de vie dans les populations des États vassaux. Plus ancien encore, ce fut l’empire hellénistique.
L’Union Européenne n’a pas conquis les 27 États membres par la force. Mais sa domination est plus prégnante que celles de Rome ou de la Grèce, car elle emprunte aux deux :
En matière financière :
L’empire UE fixe deux astreintes financières à la France : d’une part, il nous impose une contribution croissante, qui correspond actuellement à 5 % du budget de l’État, et par ailleurs, il organise le déficit permanent de nos budgets, autour de – 3 %, ce qui permet aux puissances financières de placer leurs capitaux, et prélever chaque année, sur notre travail, les intérêts de la dette que notre État contracte pour financer son déficit.
En matière réglementaire et culturelle :
L’empire UE dessine, par consensus des technocrates, des commissaires et des juges communautaires, les règles, les valeurs et le mode de vie que la population européenne adopte progressivement.
Parce que notre empire n’a pas à sa tête un leader unique, César ou Alexandre, nous ne le personnifions pas, sa domination semble diffuse. Cependant, elle peut parfois apparaître crûment, par exemple quand une consultation du peuple est organisée dans un État membre. Le vote n’est respecté qu’en fonction de sa compatibilité avec la ligne fixée par l’empire.
Les candidats à l’élection présidentielle française face à l’Europe
Les élections présidentielles en France sont aussi un bel exemple de la domination de l’empire : quoi qu’ils pensent, quelle que soit leur sensibilité politique, les candidats montrent tous patte blanche – et de plus en plus blanche -, au fur et à mesure où ils s’approchent du pouvoir. Pour se faire élire, ils doivent prêter allégeance à l’empire.
En particulier, pour ce qui est de la campagne électorale 2022, les 8 principaux candidats se sont clairement prononcés sur l’Europe :
Mélenchon est pour, Roussel est pour, Jadot est pour, Hidalgo est pour.
Pécresse et Zemmour sont pour, et pour essayer de faire bonne figure compte tenu de leur filiation « gaulliste », ils crient très fort qu’ils voteront contre… tout élargissement à de nouveaux membres au-delà des 27 actuels. Une résistance bien audacieuse !!!
Que dit, spécifiquement, Madame Le Pen sur l’Europe ?
Elle veut rester dans l’Union européenne. « Le FREXIT ( contraction de France-Exit ) n’est pas mon projet, dit-elle. Je veux réformer l’Europe de l’intérieur ».
Et Monsieur Macron, que dit-il ?
Il se déclare pro-européen, et veut promouvoir, prioritairement, une intégration plus poussée dans les secteurs de l’énergie, de la défense, de l’écologie, du numérique.
Alors quelle différence entre les deux candidats ?
Macron et Le Pen sont absolument sur la même ligne de principe : poursuivre la participation active de la France à l’Europe.
Marine Le Pen a abandonné en 2022 la seule différence importante qui la séparait, en 2017, de Macron : elle évoquait alors sortie de l’Euro et retour au Franc. Elle s’est ravisée, constatant l’absence de tout écho chez les Français.
Aujourd’hui, seules leurs sensibilités personnelles, fédéraliste pour Macron, souverainiste pour Le Pen, les distinguent. Pas de quoi définir une différence de principe sur l’Europe !
Sur l’Europe, comme sur l’OTAN, nos deux finalistes avouent un même choix de société.
Il va nous falloir regarder encore ailleurs pour trouver trace de leur farouche « opposition ».