Le 30 janvier, Christiane Taubira obtient l’onction de la « Primaire populaire » pour défendre les couleurs du peuple de gauche à la présidentielle.
Le lapsus linguae, c’est la substitution involontaire d’un mot par un autre, pendant une prise de parole.
Avant la psychanalyse, on pensait que l’auteur commettait alors une banale erreur. Sa langue aurait fourché, le mot correct lui aurait échappé, il aurait fait preuve d’étourderie…
Mais selon la psychanalyse, le lapsus est tout sauf une erreur. Voilà pourquoi.
L’inconscient, dit Freud, est le champ de tension permanente entre deux instances :
Le « ça », siège de la pulsion, du désir, de l’instinct animal,
et
Le « surmoi », une sorte de censeur, de policier, de sévère moraliste.
Enfin il existe une troisième instance, le « moi », fait de raison, de conscience, d’intelligence, qui tente en permanence de négocier entre les deux ennemies.
En général, le moi parvient à juguler l’explosion anarchique du ça, en composant avec les instructions répressives du surmoi. Aussi quand nous parlons, notre discours est… tempéré.
Mais, quand le moi échoue, le ça a le champ libre. Une fraction de seconde suffit. Dans la micro-fenêtre qui s’est ouverte, un mot surgit. Il ressemble à celui que le moi aurait voulu prononcer, mais c’est un autre qui s’exprime, celui que le ça entend exprimer.
Et quand le moi reprend le contrôle, c’est trop tard. Ouups !
Imaginons maintenant Madame Taubira, épuisée nerveusement par la tension avant le vote de la primaire populaire.
Proclamation des résultats. Elle a gagné ! Euphorie ! Quelle déclaration d’amour à sa belle personne !
Or la félicité, quand elle est mise en mot, fait généralement référence au plaisir physique. Et un grand plaisir, à quoi le comparons-nous le plus souvent ? A un orgasme, n’est-ce pas ?
Alors voilà Madame Taubira à la fois fatiguée, et ivre de bonheur.
Quand la salle, debout, l’acclame, les conditions sont réunies pour que le ça lui joue un tour. Dès les premières minutes du petit discours de remerciement va surgir le lapsus.
L’oratrice exalte la fraternité, déclamant :
« La fraternité, oui elle est raide… heu… elle est rude et elle est rêche à l’accomplissement »
Pour voir et entendre ce joli lapsus, < click here >
Mais ce n’est pas tout.
Tout en s’essayant à l’emphase, Madame Taubira garde pleinement conscience du contexte politique de sa désignation :
Toutes tendances confondues, la gauche va se révéler très minoritaire en 2022.
Donc sa candidature, qui s’ajoute aux 4 autres de son camp politique, Roussel, Mélenchon, Jadot, Hidalgo, est strictement inutile.
ll est même très probable qu’elle finira sous la barre des 5 %. Et dans ce cas, qui va assumer ses frais de campagne ?
Fascination de l’accident qui se profile, comme l’attrait du vide chez celui qui se jette du haut de la falaise.
Portée par la liesse, et cependant consciente d’aller dans le mur.
Elle revit en pensée, fascinée, la catastrophe d’il y a 20 ans. Elle se souvient d’avril 2002… ses maigres 2 % , obtenus au premier tour, manquent au candidat du PS, et qualifient Jean-Marie Le Pen au lieu de Lionel Jospin.
Cette fascination, ce désir de vide, vont-ils prendre le contrôle de sa langue ?
La fatigue aidant, la réponse est oui. Le ça va encore frapper :
A la fin de son discours de remerciement aux sympathisants, elle s’essaie à les galvaniser :
« Merci d’être dès demain les chevilles ouvrières d’une possible victoire en avril 2002 »
Incroyable ? < click here >
Dans les prochaines étapes de la campagne de Madame Taubira, nous allons voir se multiplier les petits signes de l’inconscient qui révéleront ce qu’elle sait, au fond, de sa candidature.