A trois semaines des législatives, la Nouvelle Union Populaire Écologique et Solidaire remplace Jean-Luc Mélenchon par Manon Aubry et Ian Brossat. Un carton !
Ça lui est tombé dessus sans crier gare. Un sévère burn-out. Mélenchon est hors service. Pour la Gauche en pleine campagne électorale, c’est la tuile.
Aucune autre personnalité ne présente son poids politique et son impact médiatique. Aucun leader des partis-confettis membres de la NUPES ne peut fédérer le cartel.
La Gauche, qui se savait minoritaire et en difficulté avec le charismatique Jean-Luc à sa tête, sent souffler le vent glacial, non plus de la défaite, mais de la déroute.
Alors… plus rien à perdre ? Il est donc permis d’innover.
La gauche en 2022, c’est un mouvement qui croit toujours au progrès social et aux droits humains. Et si, pour incarner ces valeurs, on choisissait non plus des politiciens qui ne croient pas un mot de leurs propres discours, mais des gens pour lesquels on aurait envie de voter quand on est de gauche ?
Le temps presse. En urgence, on décide de dépersonnaliser la stratégie du « élisez moi premier ministre ». Au lieu d’un seul, on va en proposer quatre ( issus des quatre composantes principales de la NUPES ) : LFI, PS, PCF et Écolos. Deux tandems paritaires qui se succéderont à mi-mandature.
Pour commencer, un premier ticket est propulsé en haut de l’affiche :
Manon Aubry, 33 ans. Elle milite pour les droits des femmes, pour la solidarité avec les migrants, pour l’écologie. Elle est élue France Insoumise au Parlement européen.
Ian Brossat, 42 ans. Il milite avec les gilets jaunes, contre la spéculation immobilière, contre l’islamophobie. Il est élu communiste à Paris et directeur de campagne de Fabien Roussel.
Leurs deux profils condensent les segments de l’électorat que veut incarner la gauche : écologistes radicaux, femmes discriminées, homos et autres minorités sexuelles, exclus, migrants, mal logés, gilets jaunes, jeunes…
Eux le sont, jeunes, et sincères.
Pour eux, il est réconfortant de voter.
Avec eux, on sait que le lepénisme ne passera pas.
Et grâce à eux, on peut espérer en finir avec la morgue macronienne.
Le dimanche 19 juin à 20 heures, les résultats du second tour de l’élection législative sont clairs : c’est une majorité relative pour la gauche.
Les deux autres blocs, Macroniens et Lepenistes, envisagent un bref instant une alliance de gouvernement. Impossible.
Il reviendra donc à la gauche de diriger le pays. Manon et Ian sont appelés par le Président de la République pour former son premier gouvernement de cohabitation.
Exit Elisabeth Borne.
Les lendemains vont chanter !
Enfin un peu de fraternité dans notre société brutale.
Mais.
Mais ce n’est qu’un rêve.
Car jamais la NUPES ne fera les gestes qui gagnent. Jamais Mélenchon ne se déportera pour des camarades plus en situation. Et jamais, dans les cironscriptions, les notables ne céderont la place. La gauche va à l’échec, en toute connaissance de cause.
Quand on fait de la politique en France, on se crée un scénario délirant : on est forcément plus qualifié que l’Autre, que ce soit un adversaire, un concurrent, ou un dauphin.
A nous d’agir en conséquence. Tant que nous voterons, pour quelque motif que ce soit, en faveur de ces fous de pouvoir, nous serons des « mangeurs de vent », selon la belle expression de Boris Cyrulnik ( in Le laboureur et les mangeurs de vent ), désignant ceux qui se soumettent volontairement.
Tout de même… reste à vous souhaiter bonne chance, Manon et Ian. Quels que soient les mérites de vos croyances, accrochez-vous et restez ce que vous êtes !