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Si on te demande de choisir entre tata et tonton pour te mettre au lit alors que tu n’as pas envie de te coucher, tu réponds quoi ?

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Dimanche 24 avril : 62 % des citoyens majeurs et inscrits sur les listes électorales refusent de voter Emmanuel Macron. Il est réélu. Cherchons l’erreur.

Je débats beaucoup avec un de mes clients. Son expérience politique m’impressionne fort. Pour lui, Macron et Le Pen ne suivraient pas la même ligne politique. Ils sont bien différents, et donc agiraient bien différemment. 

Dimanche dernier il a assuré la présidence d’un bureau de vote d’un village de Touraine. Voici ce qu’il m’en raconte, autour d’un verre, après le dépouillement :

On a eu beaucoup de bulletins de bulletins blancs, ou des enveloppes vides. 

A l’inverse – mais ils sont tout aussi nuls -, on a eu des enveloppes avec à l’intérieur deux bulletins, celui de Macron et celui de Le Pen. Comme si les gens voulaient nous dire que c’était du pareil au même. 

On a eu des bulletins commentés – il y en a toujours des bulletins commentés – mais là, il était explicitement écrit « la peste ou le choléra », ou « blanc bonnet ou bonnet blanc ». 

L’impression que ça donne, c’est que les gens se sont fait voler leur choix. En tout cas au second tour, on les a dépouillés de leur choix, un peu comme en 2002, quand il y a eu Chirac – Le Pen. Les gens ne se reconnaissent ni dans l’un ni dans l’autre.

Mais pourquoi fais-tu la comparaison avec 2002 et pas avec 2017 ? 2017 est plus ressemblant à la présente élection, ce sont les deux mêmes candidats qui reviennent…

Parce que, en 2002 l’arrivée de Le Pen fut un vrai choc. Que Jospin se soit fait balayer, ça a été une vraie surprise ; les gens ne se sont pas posés de question, ils ont voté Chirac, y compris des gens qui votaient à gauche et très à gauche ; faire barrage au Front national, c’était une évidence.

Alors que, en 2017, Macron incarnait un espoir. Il se positionnait au centre. Il n’avait pas été aux commandes. Il y a eu plus un vote d’adhésion que de rejet, parce qu’il incarnait cet espoir.

C’est toute la différence. En 2017 on avait un choix, il s’appelait Macron 1. Mais en 2022, avec Macron 2, quel choix ? On n’en veut plus, on voudrait rejeter les deux candidats, comme on le voulait en 2002, ras le bol de Chirac. Malheur, en 2002 on ne pouvait pas, et aujourd’hui on ne peut toujours pas !

Et tu vois ça dans le dépouillement de ton bureau de vote ?

Je vois ça dans le niveau des bulletins blancs et nuls. Mon bureau c’est à peu près 500 électeurs. Des dizaines se sont déplacés pour dire « on ne veut ni l’un ni l’autre ». Ça a été beaucoup plus fort que d’habitude. Plus de 10 % en tout cas. Le fatalisme progresse.

Fin de l’interview.

Pour mon ami, les Français ne veulent ni de la xénophobe un peu limitée ni du banquier méprisant. Les électeurs râlent parce qu’on leur impose ce choix.

D’accord. Mais c’est comme si mon ami se désolait qu’on nous offre de choisir entre une cravate noire et une cravate bleue, alors que la plupart d’entre nous détestent ces couleurs.

Alors que pour moi, tous nous offrent une cravate bleue et essaient de nous persuader, selon le candidat, qu’elle est noire, bleue, rose, rouge, verte…

Quel est le phénomène psychologique à l’œuvre ?

Nous avons tendance à adopter des comportements de consommateur : il est gratifiant, réconfortant, amusant, de pouvoir choisir. Et donc on a tendance à croire qu’on a le choix. On désire croire qu’on a le choix. Et pour peu qu’on ait pu choisir ( élire ), on acceptera ensuite beaucoup, beaucoup.

Tel était l’enjeu de ces élections. On nous a fait voter, pour légitimer ce qui va nous tomber sur la tête.

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